Une nouvelle génération d'anticorps contre le paludisme
Après des années de décroissance, le paludisme est en pleine résurgence, avec plus de 240 millions de cas rapportés dans le monde en 2020 et 627.000 décès, en majorité des enfants de moins de 5 ans. Dans ce contexte difficile, les travaux d'une équipe internationale sur une nouvelle génération d’anticorps monoclonaux apportent une lueur d’espoir, rapporte Le Figaro. Baptisée L9LS, elle est dirigée contre la protéine CSP-1 présente sur la forme sporozoïte de P. falciparum. "Ce stade de développement est celui du parasite lors de la transmission du moustique à l’humain, avant qu’il ne se multiplie dans le foie", précise Rogerio Amino, chercheur à l’Institut Pasteur et spécialiste de l’immunité paludéenne. "La protéine CSP-1 est aussi celle qui est ciblée par le vaccin RTS,S/AS01, car c’est l’antigène majeur à la surface du sporozoïte." Les anticorps, en se fixant sur cette protéine, peuvent empêcher le petit nombre de sporozoïtes inoculés par le moustique de bouger et le tuer, stoppant une contamination du foie, puis du sang. Selon le Dr Robert Seder, du centre de recherche sur les vaccins à Bethesda dans le Maryland, qui a dirigé l’essai clinique, ces nouveaux anticorps, injectés par voie sous-cutanée, sont "au moins trois fois plus efficaces" que les précédentes versions. Ils possèdent aussi une architecture qui leur permet d’avoir une durée de vie après injection de 56 jours contre 21 précédemment. "Les résultats sont prometteurs, mais je m’interroge sur le coût de cette approche, car la quantité d’anticorps injectée est assez importante, or leur production reste assez chère", relève toutefois Benoît Gamain, directeur de recherche au CNRS.
(Le Figaro – 17 août 2022)