Sida : l'IGAS dénonce les retards dans l'accès au traitement préventif

La France a été le premier pays en Europe à permettre, en 2016, l'utilisation du Truvada® (ténofovir-emtricitabine), un traitement anti-VIH pour prévenir la contamination d'une personne séronégative lors de rapports sexuels à risques. L'autorisation de cette prophylaxie pré-exposition (PrEP), qui fait actuellement l'objet d'une campagne d'affichage par l'association Aides, a pourtant nécessité trois ans après la saisie de l'ANSM par l'association Aides. Selon un rapport de l'Igas rapporté par Le Monde, ce délai résulte principalement d'une instruction "anormalement longue" de la part de l'autorité de santé. Les retards se sont en effet accumulés après sa saisine en janvier 2013. Ainsi les membres du comité scientifique spécialisé temporaire chargés de préparer la procédure de recommandation temporaire d'utilisation (RTU) du traitement n'ont été nommés que deux ans plus tard. Et il faudra attendre le 4 janvier 2016 pour obtenir enfin la prise en charge du traitement dans cette indication par l'Assurance-maladie. Selon l'Igas, ces différents retards ont prolongé d'environ vingt mois la procédure et provoqué de "1.666 et 4.000" contaminations qui auraient été évitables si la PrEP avait été mise en place dans un délai normal. La direction générale de la santé est de plus épinglée par le rapport pour n'avoir "pas correctement anticipé les évolutions en termes de prévention de l'infection par le VIH que la chimioprophylaxie allait susciter". Malgré des réformes depuis plus de vingt ans, cette administration connaît "un déficit, quantitatif et qualitatif, de compétences et d'expertises qui continue à la pénaliser".

(Le Monde - 10 juillet 2018)