Répartition pharmaceutique: un modèle économique à bout de souffle

Maillon essentiel de la chaîne pharmaceutique, les grossistes-répartiteurs redoutent cette année un doublement de leurs pertes, qui pourraient atteindre 100 millions d'€. En cause, l’inflation des coûts de l’énergie. "Nous sommes une industrie de logistique et du 'dernier kilomètre'", rappelle Laurent Bendavid, président de la CSRP, qui représente la profession. "Nos camions parcourent chaque année 180 millions de kilomètres pour livrer deux fois par jour les officines françaises." Une hausse des coûts que le secteur, qui n'a pas bénéficié du bouclier énergétique, ne peut répercuter sur ses clients. Ses revenus (19 milliards d'€ de chiffre d’affaires pour 1,5 milliard d'€ de marge) sont en effet indexés sur les tarifs hors taxes des médicaments (0,30 € par boîte pour les médicaments vendus moins de 4,33 € ; 6,93% au-delà, avec un plafond de 32,50 € par boîte). "Leur rémunération est décorrélée de leur structure de coûts. Or c’est une profession avec beaucoup de coûts fixes et des tournées parfois difficiles à optimiser", analyse Frédéric Thomas, spécialiste de la santé chez Roland Berger. D'autant que les répartiteurs doivent aussi anticiper de nouveaux investissements. "Compte tenu de l’innovation dans l’industrie pharmaceutique, il y aura davantage de produits équipés d’un système de traçabilité, mais aussi plus de biothérapies et de vaccins nécessitant une manutention complexe ou une conservation au froid", détaille Frédéric Thomas. Ce qui nécessitera plus de frigos, voire de super-congélateurs, comme ceux qui ont servi pour les vaccins Covid, et des aménagements dans les entrepôts.

(Le Figaro – 12 avril 2023)