Quelle place pour Sanofi dans la stratégie de vaccination européenne ?

Le Figaro pointe le retard "embarrassant" de Sanofi dans la course aux vaccins de la Covid-19. Des accusations relayées d’abord par la presse allemande accusent en outre la France d'avoir fait pression pour que Sanofi soit privilégié dans le cadre des achats effectués par la Commission européenne. Ce qui aurait conduit Bruxelles à réduire les achats du vaccin de Pfizer et BioNTech, et freinerait le lancement de la campagne de vaccination. Une rumeur dénoncée par le gouvernement français, mais qui court encore à Bruxelles, selon Yannick Jadot, député européen EELV. Pourtant la stratégie retenue il y a quelques mois par l'UE semble logique: afin de diversifier les risques, deux laboratoires ont été choisis par technologie. Un moyen aussi d’équilibrer ses dépenses, les prix variant d’un vaccin à l’autre. De plus, le choix de Sanofi semblait logique à un moment où la technologie de l’ARN messager ne suscitait pas le même enthousiasme qu’aujourd’hui. "Sanofi a misé en premier lieu sur une technologie qu’il maîtrisait, celle de son dernier vaccin contre la grippe, pour laquelle ils avaient un recul d’efficacité et de tolérance de deux ans", explique Jean-Jacques Le Fur, spécialiste de l’industrie pharmaceutique chez Bryan Garnier & Co. "Il y avait aussi derrière cette stratégie une logique industrielle, Sanofi disposant de l’outil de production, ce qui n’est pas le cas de certains laboratoires engagés dans la course au vaccin qui dépendent de sous-traitants." Bruxelles tente aujourd'hui de s'adapter à la nouvelle donne, en négociant des doses supplémentaires du vaccin Pfizer-BioNTech, en plus des 300 millions déjà agréées. Sanofi mise de son côté sur la commercialisation de son vaccin fin 2021.

(Le Figaro – 5 janvier 2021; Zoneboure – 4 janvier 2021)