Quel avenir pour les maisons de santé ?

La révolution des maisons de santé est appelée à se poursuivre dans les prochaines années. La ministre de la Santé sortante Marisol Touraine avait promis de créer 1.200 centres en 2017. Sa successeure Agnès Buzyn a désormais pour mission de doubler leur nombre en cinq ans. Une floraison aussi vive que désordonnée, puisque le cadre institutionnel est loin d'être stabilisé, et l'avenir pas assuré. "Je ne voudrais surtout pas qu'on crée une structure qui se périme au bout de dix ans et qui ne fasse plus que se battre pour sa survie. Nous ne devons pas refaire un nouvel hôpital", s'inquiète Michel Serin, un médecin généraliste, qui a porté la création d'une maison de santé à Saint-Amand-en-Puisaye, dans la Nièvre. De fait, les maisons de santé n'ont pas apporté de solution évidente au problème de l'accès aux soins sur tout le territoire; d'ailleurs, certaines sont elles-mêmes désertées par les médecins. Et Michel Serin, qui rentre souvent du travail après 22 heures, est aussi surchargé que le plus isolé des médecins de campagne, souligne le journal. Le concept peine par ailleurs à attirer les spécialités recherchées, comme l'ophtalmo ou la gynéco, car il leur faudrait renoncer aux dépassements d'honoraires. Enfin, le mouvement des maisons de santé est en train d'entrer dans l'âge adulte, et nul ne sait comment les choses vont tourner. Le financement par les autorités devrait croître au fil des ans. Mais en contrepartie, ces structures devront prouver leur efficacité au cas par cas: il y aura de plus en plus d'indicateurs, de réglementations et de reporting à respecter.(Les Echos - 30 mai 2017)