Pourquoi Movember mobilise peu en France

Moins identifiée que son équivalent féminin Octobre rose, la campagne Movember de sensibilisation aux cancers de la prostate et du testicule fédère peu en France, constate La Croix. En cause, un tabou persistant autour de ces pathologies, dont la prévalence, sans être anecdotique, est bien moindre que celle du cancer du sein. Mais aussi un manque de visibilité lié aux faiblesses du dépistage. Ainsi, si les associations relaient l’événement, les autorités sanitaires ne s’y réfèrent presque jamais. "Contrairement au cancer du sein, qui bénéficie d’un programme de dépistage organisé, les possibilités de dépistage des cancers masculins sont limitées", rappelle Emmanuel Ricard, délégué à la Ligue contre le cancer. "Pour la prostate, le test dont on dispose aujourd’hui, le dosage de PSA, est un bon outil de surveillance de l’efficacité des traitements, mais pas le meilleur des tests de détection." En l’absence de test probant, la politique de santé publique ne mise pas sur un dépistage collectif, d’où son faible intérêt pour Movember. La même logique de détection individuelle s’applique pour le cancer du testicule, pour lequel il n’y a pas de démarche standardisée. "Le message est donc de dire aux gens, en particulier aux jeunes, de s’autopalper régulièrement", résume Emmanuel Ricard. Aussi l’enjeu de Movember est d'abord sociétal. "Il faut en parler, libérer la parole. Avoir un cancer du testicule, c’est d’autant plus dur pour ces jeunes qu’ils n’en entendent presque jamais parler", déplore le secrétaire de l’association Cerhom, Christian Wiltord.

(La Croix – 7 novembre 2022)