Pour Google DeepMind, l’IA est prête à accélérer la recherche pharmaceutique

Dans une interview au Monde, Joëlle Barral, directrice de la recherche fondamentale en intelligence artificielle (IA) chez Google DeepMind, insiste sur le potentiel de l'intelligence artificielle pour la recherche, alors que le directeur général de DeepMind, Demis Hassabis, et le chercheur John Jumper viennent de se voir attribuer le prix Nobel de physique. "C’est un honneur et une reconnaissance. Il y a une cinquantaine d’années, nous connaissions la structure d’une vingtaine de protéines. Avec DeepMind, en un an, on a prédit celle des 200 millions de protéines connues", rappelle la dirigeante. Elle voit désormais l'IA prendre un rôle clé dans toutes les étapes de la recherche pharmaceutique. "En amont, vous réfléchissez à partir de toute la littérature scientifique passée, mais cette recherche est fastidieuse. L’IA générative permet d’en faire un condensé et de l’interroger", explique Joëlle Barral. "Ensuite, les groupes pharmaceutiques ont un 'pipeline', c’est-à-dire une longue phase où l’on teste les candidats-médicaments au fur et à mesure, pour ne garder que les plus prometteurs. AlphaFold, qui prédit désormais la structure des protéines, mais aussi d’autres biomolécules, est un des outils permettant de créer de nouveaux candidats et de faire le maximum in silico, par des simulations numériques, sans avoir besoin de synthétiser les molécules [dans un laboratoire]. Cela fait gagner un temps et un argent précieux." Enfin, l’IA générative a vocation à mieux cerner les effets secondaires d’un médicament ou les patients chez qui il n’aura pas d’effets. "Demain, l’IA générative, capable de connaître aussi le dossier du patient, nous permettra d’avoir un traitement plus personnalisé."

(Le Monde – 13 octobre 2024)