Plan Blanc à l'hôpital: "On s’habitue à l’anormal"

L’épidémie de grippe a débuté plus tôt que d’habitude cette année et elle atteint "un niveau d’intensité exceptionnellement élevé dans toutes les classes d’âge", indique Santé publique France dans son dernier bulletin hebdomadaire. Une nouvelle charge pour les hôpitaux, déjà débordés, qui manquent de lits pour accueillir tous ces patients. Une trentaine a déjà déclenché le plan blanc, dont Nantes, La Rochelle, Vannes, Toulouse, avec des déprogrammations de patients, des rappels de soignants en congé et des redéploiements d’effectifs entre services. En région parisienne, l’AP-HP n’est pas encore à ce stade, mais la situation est très tendue, confie au Figaro Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon. "On est sous tension à l’AP-HP depuis le 29 décembre. On a atteint 2.600 passages aux urgences par jour. Et lundi, on était à 238 lits brancards." Une situation qui devrait encore s'aggraver dans les prochaines semaines, alors que l’épidémie de grippe n’a pas atteint son pic et que d’autres virus ou bactéries, comme les pneumocoques, circulent aussi beaucoup. La Covid reste de son côté à un bas niveau pour le moment. "On a des épidémies en hiver, mais ce n’est pas un scoop ! C’était anticipable, même si l’intensité peut varier selon les années", déplore dans Le Parisien Agnès Ricard-Hibon, porte-parole de la Société française de médecine d’urgence. "On s’habitue à l’anormal, c’est désespérant que rien ne change…" abonde François Vincent, chef du service de pneumologie au CHU de Limoges. Le nouveau ministre chargé de la Santé, Yannick Neuder, assure de son côté vouloir "favoriser tout ce qui peut produire du soin sur le territoire, pour éviter le recours systématique aux urgences".

(La Croix, Le Figaro, Le Parisien, Libération – 10 janvier 2025)