Pionnière des thérapies géniques, la France perd du terrain face aux Etats-Unis
L'Usine Nouvelle s'interroge sur la place de la France dans le développement des thérapies géniques. Ces nouvelles techniques, qui consistent à faire pénétrer des gènes dans l'organisme pour traiter une maladie, ont pourtant pris leur essor dans des laboratoires français, autour des travaux du Pr Alain Fischer sur les "bébé-bulles" à la fin des années 1990. Et ceux des scientifiques de l'Inserm de Nantes, qui ont lancé en 2011 le premier test sur une thérapie génique en ophtalmologie. "Tout le monde reconnaît que la France est dans le peloton de tête avec les premières mondiales qui ont eu lieu chez nous", souligne Jean-Marc Grognet, le directeur du Genopole à Evry (Essonne), un biocluster dédié aux biothérapies. Mais la France a rapidement perdu du terrain face, à l'heure de la révolution de la thérapie cellulaire, dont les CAR-T. Dans ce domaine "tout se passe aux Etats-Unis où tout avance très vite", explique Rodolphe Renac, consultant pour le cabinet de conseil Alcimed. Le marché, en pleine croissance, accueille toutefois cinq acteurs français: Cellectis, Yposkesi, Gensight, Lysogene et Brainvectis, contre une quinzaine outre-Atlantique. "Ce n'est pas si mal. D'autant que du côté des CAR-T, le français Cellectis a noué un partenariat avec Servier. Tout le monde n'a pas un acteur de CAR-T dans son pays", insiste Rodolphe Renac. Un bilan honorable, donc, auquel s'ajoute un maillage académique très riche sur l'ensemble du territoire. "Notre tissu académique, ou plus largement "public" (hospitalier, universitaire ou associatif), est très dense dans le domaine des thérapies géniques. Nous avons un foisonnement d'acteurs du monde de la recherche, comme l'Inserm, le CNRS, les CHU dont l'AP-HP (Cochin et Mondor)", insiste Patrick Biecheler.
(L'Usine Nouvelle - 29 mars 2018)