Pénuries de médicaments: une nouvelle politique de prix est nécessaire
Dans un entretien au Monde, Bruno Bonnemain, vice-président de l’Académie nationale de pharmacie, alerte sur les ruptures de médicaments et leur gestion de plus en plus difficiles. "Les produits les plus touchés ont d’abord été les anticancéreux, les antibiotiques, les anti-inflammatoires. Mais, en réalité, toutes les classes thérapeutiques sont touchées. Ce sont surtout des médicaments anciens peu chers, la plupart du temps des génériques." En cause, les événements géopolitiques, la pandémie, les contraintes réglementaires environnementales, mais aussi la complexification de la chaîne de fabrication sur fond de recours accru à la sous-traitance. "Il y a une vingtaine d’années, les entreprises fabriquaient d’un bout à l’autre les produits et donc contrôlaient l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Aujourd’hui, les sous-traitants travaillent par campagnes, avec des délais fixés de trois à six mois avant la date de fabrication. En cas de hausse de la demande, ça devient très compliqué de rajouter des commandes dans le système", explique-t-il. Pour y faire face, Bruno Bonnemain juge essentiel de repenser complètement la politique de prix. "Sans augmenter systématiquement tous les prix, il faut dresser une liste de médicaments indispensables, essentiels pour les patients, comme en cancérologie, et établir des règles particulières sur cette liste. Il faudrait avoir la possibilité d’en augmenter les prix, ou de geler les baisses de prix, pour que les industriels aient intérêt à continuer de produire ces médicaments. On pourrait aussi imaginer fixer un prix moyen européen, ce qui éviterait déjà d’avoir des transferts de produits d’un pays à l’autre."Dans un entretien au Monde, Bruno Bonnemain, vice-président de l’Académie nationale de pharmacie, alerte sur les ruptures de médicaments et leur gestion de plus en plus difficiles. "Les produits les plus touchés ont d’abord été les anticancéreux, les antibiotiques, les anti-inflammatoires. Mais, en réalité, toutes les classes thérapeutiques sont touchées. Ce sont surtout des médicaments anciens peu chers, la plupart du temps des génériques." En cause, les événements géopolitiques, la pandémie, les contraintes réglementaires environnementales, mais aussi la complexification de la chaîne de fabrication sur fond de recours accru à la sous-traitance. "Il y a une vingtaine d’années, les entreprises fabriquaient d’un bout à l’autre les produits et donc contrôlaient l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Aujourd’hui, les sous-traitants travaillent par campagnes, avec des délais fixés de trois à six mois avant la date de fabrication. En cas de hausse de la demande, ça devient très compliqué de rajouter des commandes dans le système", explique-t-il. Pour y faire face, Bruno Bonnemain juge essentiel de repenser complètement la politique de prix. "Sans augmenter systématiquement tous les prix, il faut dresser une liste de médicaments indispensables, essentiels pour les patients, comme en cancérologie, et établir des règles particulières sur cette liste. Il faudrait avoir la possibilité d’en augmenter les prix, ou de geler les baisses de prix, pour que les industriels aient intérêt à continuer de produire ces médicaments. On pourrait aussi imaginer fixer un prix moyen européen, ce qui éviterait déjà d’avoir des transferts de produits d’un pays à l’autre."
(Le Monde – 25 janvier 2023)