"Pénurie de médicaments: la faute à la mondialisation"
La mondialisation de la production du médicament et sa concentration tendent à vider certains tiroirs de pharmacies, constate Alternatives Economiques dans une enquête sur les pénuries. Globalement, la demande de médicaments connaît une augmentation mondiale, tirée par les pays émergents comme la Chine. "L'augmentation de la demande, doublée d'une imprévisibilité du marché, participe à créer des tensions sur la chaîne de production", confirme Thomas Borel, directeur des affaires scientifiques du Leem. Autrement dit, les capacités de production peinent à suivre l'évolution de la demande, de telle manière qu'il y a par moments une inadéquation entre l'offre et la demande. De plus, la production d'un médicament est d'un niveau de technicité très élevé et demande beaucoup de temps, de six mois pour un produit classique à trois ans pour certains vaccins. "Un simple problème électrique sur un site de production ou la détection d'une substance non prévue dans le processus peut entraîner un arrêt de la production pour un moment", ajoute Thomas Borel. Le magazine pointe également la concentration des principes actifs en Inde et en Chine, où l'industrie bénéficie de normes environnementales plus souples. La chaîne de production se retrouve ainsi très éclatée entre la fabrication de la matière première, celle du médicament, son conditionnement et sa distribution, qui peuvent se faire dans des pays et continents différents. "Or comme tout fonctionne à flux tendu, cela renforce les risques sur la chaîne d'approvisionnement", ajoute Nathalie Coutinet, économiste à l'université Paris 13.
(Alternatives Economiques - 17 septembre 2019)