Médiator®: début d'un procès hors norme
Le premier grand procès pénal du Mediator® s'ouvre ce lundi devant le tribunal correctionnel de Paris. Une procédure hors norme, qui devrait durer six mois et mobiliser 2.684 victimes, constituées parties civiles et défendues par 376 avocats. Sur le banc des accusés, 12 "personnes physiques", dont Philippe Seta, ancien numéro 2 du groupe Servier, divers experts et l'ancienne sénatrice Marie-Thérèse Hermange, soupçonnée d'avoir rédigé en 2011 un rapport un peu trop complaisant pour le laboratoire. Ainsi que 11 personnes "morales", dont l'entreprise Servier, plusieurs de ses filiales, et l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (appelée Afssaps à l'époque des faits). Ils devront répondre à deux questions au coeur du procès: pourquoi ce coupe-faim, mis sur le marché en 1976 et consommé par cinq millions de Français, n'a été retiré qu'en 2009 ? Et comment expliquer que ce produit, réservé aux seuls diabétiques en surpoids, a été au fil du temps prescrit à de très nombreuses personnes qui voulaient juste maigrir un peu ? Un mésusage aux conséquences dramatiques: certains patients ont développé des hypertensions pulmonaires artérielles ou des valvulopathies (atteintes des valves cardiaques). "Cela va être un moment très fort pour tous ces malades qui ont eu de graves problèmes de santé à cause de ce médicament. Malgré leur souffrance, ils seront là, car ils veulent être entendus", explique au Parisien Me Jean-Christophe Coubris, qui défend les intérêts de plusieurs centaines d'entre eux. Dans Le Journal du Dimanche, Olivier Laureau, président de Servier, dénonce une instruction "à charge". "Pendant toutes ces années, nous n'avons pas été entendus. Nous n'avons jamais pu faire valoir nos arguments." Servier a déposé trois questions prioritaires de constitutionnalité (QPC). Cette procédure, susceptible de suspendre le procès le temps de l'examen des questions, répond au souhait du groupe de tout mettre "sur la table".
(La Croix, Le Figaro, Le Monde, Les Echos, Libération - 23 septembre 2019 ; Le Journal du Dimanche - 22 septembre 2019)