Les vaccins chinois sèment le doute parmi leurs acheteurs
L'approvisionnement en vaccins de la Covid-19 des pays dépendants des chaînes de production étrangères est toujours plus délicat. Les États-Unis ne permettent toujours pas la vente de vaccins fabriqués sur leur sol: une clause légale, qui apparaît dans les contrats signés par l'administration Trump avec les fabricants. Les Européens et les Britanniques bloquent aussi les envois du vaccin AstraZeneca, tout comme l'Inde qui peine à répondre à la demande locale. La Corée du Sud réfléchit aussi à des mécanismes pour réserver la production sous licence de ses entreprises au marché national. Tandis que la Russie importe elle-même des doses de Spoutnik V fabriquées à l'étranger. Dans ce contexte, la Chine fait figure d'exception: selon Airfinity, elle a exporté plus de 115 millions de doses. Avec cependant un gros point d'interrogation sur leur efficacité. Ni approuvés par l’OMS ni étayés par des publications, ces produits sèment encore plus le doute au lendemain des propos de Gao Fu, directeur du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, sur leur "taux de protection pas très élevé". La Chine cherche des solutions pour parer à ce problème. Un ajustement de la posologie est envisagé ainsi qu'un schéma à trois doses. Une autre option serait de mixer les différentes technologies, dont l'ARNm. Dans ce contexte, les campagnes de vaccination des pays qui s'appuient sur les vaccins chinois pourraient se révéler insuffisantes. Le Monde souligne également la dimension géopolitique très forte des livraisons de Pékin, en citant l'exemple de la Turquie, qui n'a reçu que 28 millions de doses du CoronaVac sur les 100 millions promises d'ici à fin avril. Les capacités de production chinoises sont mises en cause, mais certains soupçonnent Pékin d’exercer un chantage sur le gouvernement turc à propos de la minorité ouïgoure hébergée dans le pays.
(Le Monde – 14 avril 2021)