Les réseaux sociaux, causes ou symptômes de la mauvaise santé mentale des jeunes ?

Alors que la santé mentale des adolescents se dégrade depuis une décennie et que les troubles de l’anxiété touchent désormais, en France, 45% d’entre eux, les réseaux sociaux sont presque systématiquement pointés du doigt. Dans une enquête, La Croix rapporte une controverse scientifique sur le sujet. D'un côté, certains chercheurs tirent la sonnette d’alarme. La pédiatre Sylvie Dieu Osika, fondatrice du Collectif surexposition écrans (CoSE), insiste par exemple sur l’urgence de la situation, en s’appuyant sur de nombreuses études américaines, britanniques, néerlandaises et plus rarement françaises faisant état d’"associations quasi constantes entre-temps d’utilisation et mal-être". De l'autre côté, des chercheurs pointent un risque de confusion entre corrélation et causalité. Ils rappellent en outre que les usages les plus problématiques sont en tendance largement expliqués par les inégalités sociales. "Les jeunes qui passent plus de cinq heures par jour devant les écrans ont deux fois plus de risques que les autres de développer des troubles dépressifs modérés à sévères. Mais est-ce parce qu’un adolescent ne va pas bien qu’il ne sort pas et donc qu’il passe beaucoup de temps sur son écran ?" résume Karine Chevreul, professeure de santé publique à l’université Paris Cité, qui mène l’étude Mentalo sur le bien-être des 11-24 ans. "Pour trouver des relations de causalité, il faut du suivi dans le temps, et pour l’instant, on manque encore de recul. Mais d’ici quelques années, j’en suis certaine, on aura éclairci cette question."

(La Croix – 17 juin 2025)