Les nouveaux défis de l'industrie pharmaceutique
Les Echos font le bilan des résultats 2017 des grands groupes pharmaceutiques et de leur nouvelle stratégie, à la recherche d'un équilibre entre spécialisation et diversification. Se développer exclusivement dans un domaine thérapeutique peut en effet être une stratégie dangereuse pour les laboratoires. "L'américain BMS, qui s'est progressivement recentré sur le cancer, est aujourd'hui à la merci des performances de son produit phare, l'Opdivo® (nivolumab), comme l'a montré la perte de 20% de sa valeur en Bourse à la suite d'un échec dans le cancer du poumon", observe un ancien dirigeant de l'industrie. Les blockbusters demeurent incontournables pour l'industrie, avec le risque, là aussi, de les voir peser sur le chiffre d'affaires lorsque les brevets tombent dans le domaine public. Renouveler un pipeline suppose d'importants investissements en R&D. Mais cela peut aussi s'acheter. "Beaucoup de groupes pharmaceutiques cherchent à acheter le prochain blockbuster avec d'autant plus d'énergie que leurs brevets se rapprochent de l'échéance", observe Ben McLaughlin, président du groupe Global Healthcare Industry du cabinet d'avocats d'affaires Baker McKenzie. Les biotech avec des produits proches du marché sont aujourd'hui les cibles privilégiées des groupes. Le mouvement devrait s'accélérer en 2018, sous l'impact de la réforme fiscale américaine qui permet à de nombreux laboratoires américains de rapatrier des avoirs. Enfin, la pression continue de s'accentuer sur les prix. Elle "résulte à la fois de l'action des payeurs et de la concurrence", estime Hervé Ronin, associé chez Bryan Garnier. "A l'heure de la recherche mondialisée, personne ne peut plus développer un médicament à l'abri des regards".
(Les Echos - 27 février 2018)