Les évolutions démographiques de la médecine interrogent l'avenir de la profession
En plein débat parlementaire sur les déserts médicaux et les restrictions à l'installation, Les Echos dressent le portrait d’une profession médicale en profonde mutation. Selon l’Ordre des médecins, la France comptait près de 241.300 médecins en activité au 1er janvier 2025, soit une hausse de 12% depuis 2010, portée par le relèvement du numerus clausus. La profession se féminise (49,9% de femmes) et rajeunit, avec plus de 30% de praticiens de moins de 40 ans. Autre tendance forte: l’essor du salariat, qui concerne désormais 46% des médecins, contre 42% en libéral exclusif. L’Ordre relève également la spécialisation grandissante de la profession. Ainsi, les spécialistes médicaux (allergologue, dermatologue, gériatre, pédiatre, etc.) et chirurgicaux ont augmenté de plus de 23% depuis 2010. Ils comptent désormais pour près de 58% des effectifs, contre 42% de médecins généralistes. Une "hyper spécialisation" qui permet un "haut niveau d'expertise", mais qui débouche aussi sur une "multiplication des intervenants autour d'un même patient" et conforte les inégalités territoriales, relève l'Ordre. Par ailleurs, malgré les déserts médicaux aujourd'hui, la France pourrait former trop de médecins d’ici à 2040. Un risque d'autant plus important que la technologie, dont le développement de l'intelligence artificielle, pourrait bouleverser certaines pratiques médicales. "Il faut une méthodologie pour ne pas retomber dans un malthusianisme médical", réclame Jean-Marcel Mourgues, vice-président de l’Ordre. Une alerte qui ne convainc pas forcément l'Assurance-maladie. "Le tsunami démographique des personnes âgées est encore devant nous", insiste son directeur général, Thomas Fatôme. "Quand on a 100 à 200.000 personnes diabétiques ou malades cardiovasculaires de plus par an, quand vous vous projetez à dix ans, cela fait tout de suite des volumes très importants."
(Le Figaro, Les Echos – 22 avril 2025)