Les autorités restent vigilantes face au risque de mésusage des médicaments GLP-1
Quelle sera la place des nouveaux traitements de l'obésité dans le système de santé ? Alors que leur consommation explose aux États-Unis, l'impatience grandit en France. "Le sujet nous remonte de partout, via les réseaux sociaux, les médecins, les associations de patients, alors même que ces médicaments ne sont pas encore sur le marché !" témoigne le directeur général adjoint de l'ANSM, Alexandre de La Volpilière, qui a installé en décembre un comité scientifique temporaire. "On cherche à anticiper au maximum pour qu’ils aillent aux patients qui en ont besoin, et pas aux personnes qui voudraient juste perdre quelques kilos avant l’été." Un risque qui semble pour l'instant contenu. Si la consommation de l'Ozempic® (sémaglutide), autorisé depuis 2019 comme antidiabétique, s’intensifie en France, c'est d'abord à cause d'un décalage entre la pratique des médecins et les recommandations de la HAS, qui date de 2013. "Les diabétologues se réfèrent aujourd’hui plus volontiers aux recommandations plus étendues en vigueur dans d’autres pays européens ou aux États-Unis", explique à Libération le Pr Jean-Luc Faillie, responsable du suivi national de pharmacovigilance des agonistes du GLP-1. Mais avec la promotion mondiale dont bénéficie l’Ozempic® au titre de coupe-faim, certains individus sont prêts à tout pour l’obtenir. Pour preuve, comme pour les psychotropes ou les antalgiques, des ordonnances falsifiées circulent. "À l’été 2022, on a demandé aux pharmaciens d’adresser celles qu’ils repèrent au système de pharmacovigilance. Au dernier comptage, on en a récupéré près de 300. Ce chiffre non exhaustif prouve en tout cas que le phénomène existe", note le Pr Faillie.
(Libération – 19 avril 2024)