Le marché pharmaceutique japonais perd son attractivité

Face à l'explosion des dépenses de santé au Japon, le gouvernement a mis en place une stricte politique de contrôle des prix des médicaments pour faire reculer les dépenses pharmaceutiques. Sur l'exercice fiscal qui s'est achevé en mars, le chiffre d'affaires au Japon des dix plus grands laboratoires du pays a ainsi baissé, en moyenne, de 2,2%. La baisse sur l'année en cours devrait atteindre 4%. Jusqu'à présent, le ministère de la Santé s'autorisait à revoir à la baisse, tous les deux ans, le prix des médicaments en cas de hausse du volume des ventes, de l'arrivée d'un produit générique moins coûteux ou encore un recul des prix à l'étranger pour des molécules similaires. Désormais, Tokyo compte accélérer le rythme de ces révisions. Le gouvernement va par ailleurs réformer le système qui valorisait jusqu'ici les produits les plus innovants. Le système de prime (PMP ou "price maintenance premium") offert à certains médicaments produits localement, ou développés au Japon, sera ainsi limité, au grand dam des laboratoires occidentaux qui risquent de bouder, encore plus, le marché japonais. "S'en prendre à l'innovation pour faire des économies sur le budget de la santé risque de s'avérer vite très coûteux pour le Japon", s'est emporté Ole Molskov Bech, le président, à Tokyo, de la Fédération européenne des industries et associations pharmaceutiques (EFPIA), qui se plaint déjà de la faiblesse des marges dans l'Archipel. Enfin, les autorités misent sur une pénétration de plus en plus forte des génériques. Des réformes qui poussent désormais les sociétés japonaises, comme Takeda, à accélérer leur empreinte à l'international, et particulièrement aux Etats-Unis.

(Les Echos - 19 août 2018)