Le coronavirus accélère la relocalisation de la production de médicaments

L'épidémie de coronavirus souligne une nouvelle fois la dépendance pharmaceutique de la France à l'égard de la Chine et de l'Inde. La fermeture de sites chinois pendant plusieurs semaines a en effet créé la stupeur. Tout comme l'interdiction des autorités indiennes d'exporter 26 principes actifs, parmi lesquels le paracétamol et l’hydroxychloroquine. "Lorsqu’un pays ferme brutalement ses frontières, cela pose évidemment des questions", déclare Michel Joly, président de la filiale française du laboratoire Gilead. Une vulnérabilité stratégique à laquelle les autorités et les industriels veulent s'attaquer. "De nombreux labos pharmaceutiques, innovants ou génériqueurs, viennent nous voir pour relocaliser des productions et donc nous redémarrons des lignes", indique au Figaro David Simonnet, PDG de l’entreprise de chimie fine Axyntis, qui possède cinq usines en France. "La demande porte sur une dizaine de produits. Le coronavirus n’a fait qu’accélérer ce phénomène." Fin février, Sanofi a également annoncé la création d’une entité dédiée, regroupant six de ses onze sites de principes actifs, tous situés en Europe, avec 200 produits au catalogue vendus à 600 clients. "Nous sommes prêts à fédérer des acteurs européens du secteur et à jouer ce rôle de capitaine d’industrie", déclare Philippe Luscan, directeur industriel de Sanofi. Néanmoins, la relocalisation ne s’annonce pas aisée. Il n’y a plus qu’une soixantaine de sites de production de principes actifs dans l’Hexagone, contre plusieurs milliers en Chine et en Inde. Par ailleurs, transférer la production d’un principe actif d’un fournisseur à l’autre prend du temps et les contraintes réglementaires sont lourdes.

(Le Figaro – 14 avril 2020)