La santé mentale : une grande cause nationale sans praticien pour la porter

D’après une enquête Ipsos pour la Fédération hospitalière de France (FHF), seuls sept Français sur 10 ayant des problèmes de santé mentale bénéficient d’une prise en charge par un professionnel. Le plus souvent, il s’agit d’un généraliste. Moins d’un quart voient un psychiatre. "En psychiatrie plus qu’ailleurs, hôpitaux, centres de santé et médecins sont débordés", alerte le président de la FHF, Arnaud Robinet. Alors que la santé mentale a été décrétée grande cause nationale 2025, le problème risque encore de s'aggraver alors que les praticiens en France sont souvent âgés. "Beaucoup de psychiatres ont été formés dans les années 1980, ils atteignent 70 ans et sont en prolongation d’activité", indique au Parisien Rachel Bocher, cheffe du service de psychiatrie au CHU de Nantes. Autre frein: leur répartition géographique. "Dès que l’on s’éloigne des grandes villes, cela devient très compliqué", avance Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil. Dans certains départements ruraux, comme la Creuse, le nombre de praticiens a été divisé par deux en dix ans. En Haute-Loire, aucun des cinq professionnels référencés sur Doctolib n’accueille de nouveaux patients. Et la situation est encore aggravée par des tarifs qui s'envolent en ville. "Des collègues font d’énormes dépassements d’honoraires, jusqu’à 150 € la séance", regrette Antoine Pelissolo. A l'hôpital également, le secteur est en crise avec des centaines de postes vacants. Selon une précédente enquête de la FHF, un quart des postes ne sont pas pourvus dans 40% des établissements. Dans ces conditions, "même les psychiatres vont finir par craquer, la situation est très dangereuse !", alerte Rachel Bocher.

(Le Parisien – 25 mars 2025)