La santé mentale en danger en Grèce

Les coupes dans les dépenses de santé affectent particulièrement la psychiatrie en Grèce. Son budget a été réduit de 45% depuis le début de la crise économique, alors même que les demandes d'admission ont triplé. Les départs à la retraite du personnel soignant ne sont par exemple pas remplacés. "On voit arriver de plus en plus de jeunes avec des dépressions", explique à La Croix Yannis Loukas, psychiatre à l'hôpital de l'île de Leros, en mer Egée. "Ils sont sans travail, sans ressources, incapables de subvenir aux besoins de leurs proches, avec des parents qui ne peuvent plus les soutenir. Certains pensent au suicide. On doit les traiter avec des médicaments". Les chiffres parlent d'eux-mêmes: le taux de suicide a augmenté de 35% depuis le début de la crise économique et celui des dépressions a quadruplé, épousant la courbe du chômage. "La pauvreté mène à l'exclusion sociale qui favorise les troubles mentaux", constate le psychiatre Stelios Stylianidis. Mais désormais, la plupart des hôpitaux ne disposent plus d'unités psychiatriques. Reste comme ultime recours la demande d'internement forcé. Réservée en principe aux malades dangereux, cette mesure est étendue de fait à de nombreuses personnes qui n'auraient sans cela jamais obtenu de lit. Les internements forcés représentent désormais 65% des admissions à l'hôpital psychiatrique en Grèce, contre 11% en France.

(La Croix - 8 janvier 2018)