La recherche américaine contre le cancer perd son leadership
La majorité des études présentées cette année au congrès de l'Asco (American Society for Clinical Oncology), à Chicago, ont été menées par des chercheurs étrangers (14 publications), et non plus américains (12 publications). La Chine fait une percée inédite avec 2 publications. L'Europe et le Canada se partagent le reste, précisent Les Echos. Un véritable changement de tendance. En 2012 encore, les Américains avaient soumis plus de 60% des recherches présentées à ce fameux congrès de cancérologie. En cause, des ressources financières en baisse. L'Institut national de la santé (NIH) a beau avoir obtenu des augmentations de crédits ces dernières années, elles n'ont pas suivi le rythme de l'inflation. L'organisme public estime ainsi avoir perdu 25% de pouvoir d'achat depuis une quinzaine d'années, alors même que le coût de la recherche augmente. Au final, l'organisme finance moins de travaux de recherche: 144 cette année, contre 575 en 2008, selon les chiffres publiés cette semaine par la société américaine d'oncologie clinique. "L'Amérique est peut-être en train de perdre son avantage en termes de recherche médicale", a déclaré cette semaine Otis Brawley, responsable médical de l'American Cancer Society. "Les jeunes scientifiques les plus brillants ont du mal à financer leurs travaux de recherche. Ils préfèrent donc chercher un poste en entreprise plutôt qu'à l'université. Je crains que nous soyons en train de perdre toute une génération de scientifiques talentueux". Une situation que Donald Trump risque encore d'aggraver en rabotant les crédits. Son projet budgétaire prévoit une baisse de ressources pour le NIH de plus de 18% l'an prochain (à 26 milliards de $). Tandis que la grande initiative "Moonshot", lancée par l'ancien gouvernement, se tourne désormais vers l'étranger, la Chine notamment, pour financer ses travaux.
(Les Echos - 8 juin 2017)