La pharma menace de retirer ses investissements d’Europe
Dans une lettre du 11 avril adressée à la Commission européenne et rapportée par Les Echos, 32 dirigeants de laboratoires pharmaceutiques demandent des "mesures audacieuses" sur le marché européen pour empêcher leur "exode" vers les États-Unis. Selon le courrier, signé notamment par Albert Bourla (Pfizer), David Ricks (Eli Lilly), Pascal Soriot (AstraZeneca) et Paul Hudson (Sanofi), 16,5 milliards d'€ d'investissements prévus pourraient être transférés hors d'Europe sans réaction de Bruxelles face aux droits de douane que souhaite imposer Donald Trump. Le marché européen, bien qu'il compte 450 millions de personnes, ne représente en effet que 22,7% des ventes de la pharma, contre 53,3% pour l'Amérique du Nord. Dans ces conditions, "la poursuite de tensions commerciales accélérera encore l'érosion des investissements en R&D et en production en Europe", préviennent les 32 patrons. Ils appellent ainsi les pays de l'UE à rémunérer davantage l'innovation pharmaceutique, alors que les prix aux Etats-Unis sont en moyenne deux fois plus élevés. Les remises imposées sur les ventes des industriels sont également dénoncées. "Dans plus des deux tiers des Etats membres, les contributions de l'industrie sont passées ces dernières années de 15% à 22% des dépenses publiques pharmaceutiques", souligne le courrier en estimant que, avec ces ponctions, depuis une décennie "l'industrie innovante a entièrement remboursé la hausse des dépenses liée aux médicaments innovants". Un autre contentieux est l'écocontribution que va bientôt devoir payer le secteur pour traiter les eaux usées. La lettre attaque ensuite la bureaucratie européenne et appelle à un cadre réglementaire plus simple, notamment sur les essais cliniques. Enfin, les industriels réclament "un renforcement des mesures sur la propriété intellectuelle au niveau des Etats-Unis", soit douze ans de protection au total, contre dix ans actuellement en Europe
(Les Echos – 16 avril 2025)