La pharma alerte Bruxelles sur l'impact de son projet de réforme sur la R&D du secteur

La Fédération européenne des associations et industries pharmaceutiques (EFPIA) met en garde contre les propositions de Bruxelles dans son projet de réforme du marché pharmaceutique, qui pourraient faire décliner les investissements en R&D de 2 milliards d'€ par an d'ici à 2040. L'Europe, qui représente aujourd'hui 32% des dépenses mondiales dans le domaine, verrait alors sa part tomber à 21%. Cette projection, réalisée par le cabinet de conseil Dolon, pointe d'abord l'affaiblissement de la protection réglementaire des données, que Bruxelles souhaite réduire à huit ans, contre dix ans actuellement. Une telle, malgré la possibilité pour les industriels de conserver deux ans de plus en renforçant l'accès de leur produit dans tous les pays membres, ferait baisser de 55% l'incitation des entreprises à investir dans les médicaments en Europe. Plus d'un projet sur cinq (22%) visant à développer des médicaments dépendant de la protection réglementaire des données (RDP) ne serait alors plus économiquement viable en Europe, selon l'étude. Le secteur des biotech, essentiellement composé de PME, serait le plus touché avec neuf projets de R&D sur dix qui perdrait toute viabilité économique et le risque d'un départ massif vers des écosystèmes financiers plus prévisibles, comme les États-Unis. Si cette baisse des activités de R&D menées en Europe se matérialisait, "l'Allemagne serait la plus durement touchée, perdant 626 millions d'€ par an" d'activités R&D, précise l'EFPIA, suivie de la Belgique qui perdrait pour 381 millions d'€ par an de projets de R&D menés sur son sol. La France arriverait en troisième position des perdants (326 millions perdus par an), notent Les Échos. Une vision toutefois écartée par la Commission européenne, qui rappelle que "toute modification de notre système d'incitation affecterait de la même manière les entreprises basées dans l'UE et celles basées à l'étranger qui vendent des médicaments dans l'UE et, par conséquent, ne désavantagerait pas les entreprises européennes".

(Les Échos – 7 novembre 2023; Capital, L'Usine Nouvelle – 6 novembre 2023)