La HAS, frein à l'accès des médicaments innovants en France ?
Le Figaro s'interroge sur l'accès des patients français aux médicaments innovants, après le rejet de plusieurs dossiers par la Haute Autorité de santé (HAS). Le journal cite l'exemple du Keytruda® (pembrolizumab) pour traiter les patients atteints d’un cancer rare de l’endomètre; de la thérapie cellulaire Carvykti® (cilta-cel), prescrite pour traiter les patients en rechute atteints de myélome multiple, un cancer rare du sang; ou encore du Retsevmo® (selpercatinib), qui traite un cancer avancé du poumon. Ces trois médicaments ne sont donc pas utilisés en France dans ces indications. Par ailleurs, trois antimigraineux, répandus en Europe, ne sont toujours pas remboursés en France. "Il s’agit de pertes de chances importantes pour les patients français", estime Éric Ducournau, directeur général du laboratoire Pierre Fabre. Sur 260 indications autorisées par Bruxelles entre juin 2017 et décembre 2020, 37% ne sont pas accessibles aux patients français, selon une étude du G5 Santé. Surtout, la situation aurait empiré depuis le début de l’année. Quatre anticancéreux supplémentaires ont ainsi été retoqués par la HAS fin janvier. Des observateurs pointent la commission de la transparence de la HAS, chargée d'évaluer le "service médical rendu" des médicaments. "Sur les mêmes traitements, la commission a multiplié ces derniers mois les avis moins favorables que ceux d’autres pays européens", regrette Olivier Laureau, PDG de Servier, qui s'interroge: "Pourquoi refaire des évaluations de traitements déjà approuvés au niveau européen?" Floriane Pelon, directrice de l’évaluation de la HAS, dément toutefois tout durcissement. "Nous attendons des laboratoires qu’ils nous prouvent, dans l’intérêt des patients, que les traitements qu’ils nous soumettent sont au moins aussi efficaces que ceux qui existent déjà."
(Le Figaro – 17 mai 2023)