"La grande revanche des infirmières"
Le Journal du Dimanche revient sur le compromis "historique" signé jeudi entre les différents Ordres des professions de santé pour un meilleur partage des tâches. "Le texte, un peu sibyllin, acte un big bang: les généralistes ne sont plus l’unique pilier et porte d’entrée du système de santé; les infirmières libérales, cantonnées dans un rôle auxiliaire malgré leur omniprésence chez les malades, se hissent au rang de deuxième acteur majeur", souligne le journal. Certains actes devraient ainsi leur être transférés ainsi qu’aux pharmaciens et aux kinés. Ces soignants pourraient même accueillir seuls les patients dépourvus de médecins traitants, et les orienter dans le système de santé. "Il n’y a pas de désert infirmier, et la densité infirmière est particulièrement élevée dans les zones sous-dotées en généralistes", souligne le géographe Olivier Lacoste, auteur d’une étude pour l’Ordre des infirmiers. Il pointe une zone rouge foncé, au centre de la France, où "les personnes âgées sont nombreuses": "Heureusement que les infirmières y sont nombreuses elles aussi !" Du côté des médecins, si la discussion est longtemps restée taboue, le nombre grandissant de Français sans médecin traitant et la menace de restrictions à l'installation ont finalement fait évoluer les mentalités. "On n’est pas très loin d’une médecine à deux vitesses. Cela nous a conduits à accepter le transfert d’actes dans une pratique coordonnée. Six millions de Français auront accès à un professionnel de santé et les généralistes pourront se recentrer sur le diagnostic, les consultations longues consacrées à l’annonce de pathologies lourdes ou à de la prévention", souligne François Arnault, nouveau président de l’Ordre des médecins. La prochaine bataille consistera désormais à savoir quels actes seront concernés par ce transfert.
(Le Journal du Dimanche – 16 octobre 2022)