La France, en retard dans la recherche sur les psychédéliques

Interdits au tournant des années 1960 et 1970, les psychédéliques connaissent un vif regain d'intérêt de la part de la communauté scientifique depuis une dizaine d'années. "Rien que sur le site ClinicalTrials.gov, qui recense les essais thérapeutiques menés aux États-Unis, on dénombre 275 études sur l'usage de molécules psychédéliques, dont la moitié concerne la psilocybine, et le reste la MDMA ou le LSD", relève Pierre-Marie Lledo, directeur du département neuroscience à l'Institut Pasteur. Mais la France, jadis à la pointe des recherches sur ces substances, participe aujourd'hui assez peu à ce renouveau de la pharmacopée. "Il est dommage qu'en France, les études sur les psychédéliques soient encore perçues comme secondaires et se fassent plus ou moins en catimini. Ailleurs, elles font désormais partie de la recherche 'mainstream'", constate Pierre-Marie Lledo. Avec toutefois quelques exceptions. Les hôpitaux de Sainte-Anne et de La Pitié-Salpêtrière participent ainsi aux études de phase III sur un médicament contenant de la psilocybine en traitement de la dépression résistante aux antidépresseurs. En début d'année, le CHU de Nîmes a de son côté lancé une étude plus modeste portant aussi sur la psilocybine, auprès de 30 patients atteints d'addiction à l'alcool en lien avec une dépression.

(Les Échos – 2 septembre 2024)