L'Union européenne de la santé se prépare à faire ses premiers (petits) pas

La Commission européenne sera appelée à se prononcer le 14 septembre sur la création d'une nouvelle autorité de santé, la Health Emergency Preparedness and Response Authority (HERA). L'ambition est de mettre en place un homologue de la US Biomedical Advanced Research and Development Authority (BARDA), afin de mobiliser rapidement des ressources en cas d'urgence sanitaire. Même si l'agence ne sera pas opérationnelle avant 2023, cette étape signera le premier succès du paquet "Union européenne de la santé", qui vise également à améliorer le travail de l'Agence européenne des médicaments (EMA) et du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). "Ce paquet législatif reste limité", prévient toutefois Anniek de Ruijter, professeur de droit de la santé à l'université d'Amsterdam. "Mais il représente un pas assez important pour l'Europe dans la santé, un sujet toujours très sensible sur le plan politique." Les dirigeants nationaux surveillent d'ailleurs de près chaque empiétement de Bruxelles sur leurs compétences nationales. Certains résistent même à la simple idée de voir l'ECDC leur donner des recommandations non contraignantes, et refusent l'organisation par l'UE d'audits des systèmes de santé pour déterminer leur niveau de préparation à une prochaine urgence sanitaire. "Il y a encore du travail à faire avant de parvenir à un accord", note Magnus Heunicke, ministre danois de la Santé, qui avait d'ailleurs critiqué avec véhémence la politique vaccinale de l'UE en avril dernier. "Le futur cadre doit pleinement respecter la compétence nationale et la responsabilité des États membres." En face, l'exécutif européen est toutefois prêt à s'engager dans une longue partie. Les propositions de l'Union européenne de la santé ne vont peut-être pas changer la donne, mais elles pourraient constituer la première étape d'une érosion plus subtile des compétences nationales en matière de santé

(Politico – 1er septembre 2021)