L’attrait des médecins pour le salariat, symptôme de la crise de l’exercice libéral
Relancées en novembre 2023, après l’échec d’une première tentative, les négociations conventionnelles entre les syndicats de médecins libéraux et l’Assurance-maladie devraient connaître un nouveau temps fort avec la réunion multilatérale, le 25 janvier. À ce stade, l'Assurance-maladie a proposé aux praticiens une enveloppe annuelle de 100 millions d'€ afin de revaloriser le rôle des médecins traitants. Mais rien n’a été dévoilé de la revalorisation des consultations elles-mêmes. Ces négociations reprennent par ailleurs dans un contexte incertain, après la démission d’Aurélien Rousseau et la mise en difficulté d'Agnès Firmin Le Bodo, nommée par intérim. En attendant les conclusions de ces négociations qui visent à relancer l'attractivité de la médecine libérale, Le Monde note une hausse du salariat chez les médecins. Horaires et salaire fixes, travail en équipe, secrétariat médical… les recruteurs, notamment les collectivités locales, savent en effet répondre aux nouvelles aspirations des professionnels. "Avant, je commençais à 8 heures, sans savoir quand la journée prendrait fin ; j’étais sans cesse dérangée par les coups de fil, l’administratif, la comptabilité… Comme salariée, je suis déchargée de ces tâches pour me concentrer sur mon cœur de métier: les patients", témoigne la Dr Dominique Bontoux, qui a ainsi quitté son cabinet pour rejoindre un centre de santé. Elle refuse toutefois d'opposer un modèle à un autre. "C’est aussi le symptôme d’un changement plus global, d’un nouveau rapport au métier." Si les statistiques précises manquent pour évaluer la tendance, l'Ordre des médecins note une baisse de l’effectif médical à statut libéral de 11,8% depuis 2010, alors que celui des salariés a augmenté de 13,4%.
(Le Monde – 8 janvier 2024)