L'antibiorésistance tue plus que le sida ou le paludisme

Une nouvelle étude américaine publiée dans le Lancet met en lumière le poids grandissant de l'antibiorésistance dans le monde. En 2019, elle a entraîné la mort de 1,27 million de personnes, soit davantage que le sida (680.000 décès) ou le paludisme (627.000). De plus, 3,65 millions de décès sur cette période concernaient des personnes atteintes de maladies présentant une forme de résistance aux antimicrobiens. "De précédentes estimations prédisaient 10 millions de morts par an en 2050, et l’on sait désormais que nous sommes bien plus proches de ce chiffre que nous le pensions", ajoute le Pr Christopher Murray, épidémiologiste à l’université de Washington (Seattle) et coauteur de l’étude, basée sur les dossiers médicaux de 471 millions de personnes atteintes d'infections résistantes aux antibiotiques dans 204 pays. Plus de 70% des décès rapportés dans l'étude étaient dus à la résistance aux antibiotiques bêta-lactaminesque, dont la pénicilline. Ce fléau touche en particulier l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud (Inde, Népal et Pakistan), où la circulation des bactéries résistantes est favorisée par de mauvaises conditions d’hygiène (eaux souillées, etc.). L’Europe de l’Ouest, où le problème est davantage lié au mésusage des traitements, arrive en 16e position sur 21. Les bactéries résistantes mortelles les plus fréquentes dans la région sont E. ColiKlebsiella pneumoniae et le staphylocoque doré. L’étude montre enfin que les principales maladies rendues mortelles par l’antibiorésistance sont les infections des voies respiratoires inférieures (pneumonies notamment), les septicémies et les infections intra-abdominales (péritonites, etc.).

(Le Figaro – 21 janvier 2022)