"Implants : des conflits d'intérêts généralisés"

Le Monde poursuit les révélations de l'enquête internationale sur les implants médicaux. Le journal pointe le rôle des lobbys industriels, qui ont retardé, pendant près de 10 ans, la réforme de réglementation de la Commission européenne. Lancé en 2008, le règlement européen qui les encadre n'a été adopté qu'en avril 2017. Selon l'eurodéputée Dagmar Roth-Behrendt, il s'agit de la campagne de lobbying la plus "intense" en vingt-cinq ans à Bruxelles, "à la seule exception de celles des fabricants de tabac". La différence de réglementation entre l'Europe et les Etats-Unis interroge également. L'Agence américaine des produits alimentaires et des médicaments, la FDA, demande en effet aux fabricants d'apporter la preuve de l'efficacité de leurs produits, avec des essais cliniques en bonne et due forme. Alors qu'en Europe, l'autorisation de marché de ces dispositifs repose sur un marquage CE, délivré par des organismes privés de certification, payés par les industriels, et sans réel contrôle de l'efficacité du dispositif. Ainsi, les fabricants préfèrent obtenir d'abord la certification CE, suivre les patients implantés en Europe, ce qui leur permet de "tester les produits in vivo" afin de constituer le "dossier de preuves cliniques nécessaire pour obtenir l'approbation de la FDA", décrit, pragmatique, le cabinet de consultants EY. "En Europe, on se sert des gens comme de cobayes", avait déclaré en 2011 Jeffrey Shuren, le responsable des dispositifs médicaux de la FDA. Télérama publie par ailleurs le résumé de l'enquête Cash investigation, diffusée hier, sur les "Implant files".

(Le Monde - 28 novembre 2018; Télérama - 27 novembre 2018)