Hôpital: le rôle des cabinets de conseil interroge

Dans un nouveau rapport, une commission d’enquête du Sénat dénonce le recours régulier des autorités aux cabinets de conseil. Le Monde pointe des missions d'"optimisation de la logistique hospitalière" qui ont abouti avant la pandémie à d'importants plans de restructuration dans les hôpitaux, accompagnés de séminaires organisés par des consultants. Ils "nous expliquaient que l’hôpital de demain serait un 'aéroport' – on rentre, on opère, on sort –, utilisaient des expressions comme 'redimensionnement capacitaire' sans nous dire à l’époque que ça signifierait près de 25% de lits en moins", raconte le Pr Stéphane Velut, neurochirurgien à Tours. Il dénonce également des comparaisons malvenues entre certains établissements, dont les activités ne sont pourtant pas comparables. Si depuis le début de l’épidémie de Covid-19, ces plans d’économies ne sont plus à l’agenda, "ils vont y revenir", prévient le médecin. Antoine Georges-Picot, consultant en santé depuis 25 ans, souligne de son côté des missions réalisées pour justifier des économies. "Il y a trois raisons pour lesquelles les hôpitaux ont recours au cabinet de conseil: 'Je n’ai jamais fait', par exemple reconstruire un hôpital ou fusionner des établissements; 'Je n’ai pas le temps et pas les ressources' ou 'Si je le fais en interne, le message ne passera pas, donc je fais appel à l’extérieur pour mettre les sujets sur la table'." Entrées à l'hôpital au début des années 1990, ces missions ont ensuite pris une nouvelle ampleur dans les années 2000. Pourtant, selon une étude portant sur les hôpitaux anglais "plus un hôpital fait appel à des consultants, plus son efficience diminue". Notamment parce que les coûts induits par les prestations de conseil réduiraient la capacité des hôpitaux à investir dans leurs propres compétences ou parce que, dans certains cas, les consultants ne semblent pas suffisamment connaître le fonctionnement des hôpitaux pour améliorer leur performance.

(Le Monde – 4 juillet 2022)