Etats-Unis : une espérance de vie indigne d'une superpuissance économique
A l'occasion de la visite cette semaine d'Emmanuel Macron aux Etats-Unis, Libération publie un dossier sur "l'Amérique côté chaos", autour d'un fil rouge: l'explosion des inégalités, que l'on retrouve notamment dans la santé. Pour la deuxième année consécutive, une première depuis les années 60, l'espérance de vie a reculé aux Etats-Unis en 2016, pour se placer au 30e rang mondial, entre le Costa Rica et Cuba. Ainsi, un garçon né l'an dernier aux Etats-Unis vivra en moyenne 76,1 ans, une fille 81,1 ans (respectivement 79,3 et 85,4 ans en France). En cause, un système de santé qui repose principalement sur le secteur privé et empêche des millions d'Américains d'accéder à une assurance. Ainsi, selon l'OCDE, le taux de mortalité maternelle américain s'élevait en 2014 à 24 décès pour 100.000 naissances. Près de trois fois plus qu'en France et sept à huit fois plus qu'au Japon ou en Norvège. Les femmes noires sont les plus touchées. Une étude réalisée par la ville de New-York en 2015 montre que leur taux de mortalité à l'accouchement est douze fois supérieur à celui des blanches. Et contrairement à certaines idées reçues, obésité, diabète et pauvreté (qui touchent plus fortement les Afro-Américains) ne suffisent pas à expliquer ces disparités. Une femme noire de poids normal présente encore deux fois plus de risques de complication qu'une femme blanche obèse. "Les inégalités raciales sont ancrées dans l'histoire de ce pays", admet le Dr Deborah Kaplan, responsable de la santé maternelle, infantile et reproductive à la municipalité. "Les quartiers où vit la communauté noire ont souffert d'un désinvestissement public ciblé. Cela a contribué à rendre notre ville très ségréguée".
(Libération - 23 avril 2018)