En retard, la France accélère dans le domaine des biomédicaments

La France, qui a raté le virage des biomédicaments il y a plusieurs années, tente aujourd'hui de rattraper le retard accumulé. Les enjeux de la production des vaccins, anticorps monoclonaux et autres thérapies géniques ou cellulaires sont immenses. "En 2020, les ventes mondiales représentaient 300 milliards de $ sur un marché du médicament évalué à plus de 1.100 milliards de dollars. Et les projections indiquent qu’ils pèseront le double en 2030. C’est un relais de croissance énorme pour l’industrie pharmaceutique", indique au Monde Laurent Lafferrère, directeur général de France Biolead. Sans compter l’enjeu de souveraineté: 95% des biomédicaments consommés dans l’Hexagone sont aujourd'hui importés. Au cœur de la stratégie du gouvernement, l'association, lancée fin 2022, rassemble une cinquantaine de membres qui interviennent sur tous les maillons de la chaîne du biomédicament, de la recherche à la production. Elle s'emploie ainsi à répertorier les différents acteurs de l’écosystème en France et à favoriser les synergies. En parallèle, France Biolead étudie différentes pistes pour renforcer l'attractivité du secteur, notamment en matière de simplification réglementaire. Elle peut aussi compter sur le soutien financier de l'État, qui a débloqué 800 millions d'€, dont 338 millions déjà alloués à 86 projets. Si l’objectif de 20 biomédicaments produits en France en 2030 est jugé ambitieux, les premiers résultats de cette stratégie sont là, avec des capacités de bioproduction en France ont augmenté de 60% en six ans. La France a en outre regagné une place dans le classement européen des biomédicaments en développement, derrière le Royaume-Uni et devant l'Allemagne. Le 5 juillet, une journée nationale sera en outre organisée pour promouvoir la filière – et ses emplois – auprès du grand public. Car le secteur ambitionne de doubler ses effectifs d’ici à 2030, à 20.000 postes.

(Le Monde – 28 juin 2024)