"Douleur, des constats qui font mal"
Le Monde publie dans son supplément Sciences et Médecine un dossier complet sur le manque de prise en charge des douleurs chroniques en France. Un problème de santé publique ignoré et non résolu, que dénoncent de nombreux professionnels. "70% des patients douloureux chroniques ne reçoivent pas les soins appropriés", pointe la Société française d'étude et de traitement de la douleur (SFETD) dans son livre blanc présenté mi-octobre. "Nos patients sont la plupart du temps en échec thérapeutique répété, ont cinq ans de douleur en moyenne, et des parcours de vie parfois lourds et compliqués", ajoute Nadine Attal, qui dirige le Centre d'évaluation et de traitement de la douleur (CETD) de l'hôpital Ambroise-Paré (AP-HP) à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Ce centre fait partie des 250 structures de ce type réparties sur le territoire. Mais seulement 3% des patients douloureux chroniques bénéficient d'une telle prise en charge, avec des délais pour obtenir un premier rendez-vous vont de plusieurs mois. "Si rien n'est fait, au moins 30% de ces structures disparaîtront au cours des trois prochaines années". Autre difficulté, le manque d'options thérapeutiques. De nombreux médicaments sont ainsi utilisés hors autorisation de mise sur le marché (AMM). "Actuellement, les caisses d'assurance-maladie redressent des centres de douleur pour utilisation de médicaments hors AMM, par exemple la kétamine, pour le périopératoire", explique Serge Perrot, président de la SFETD. "Certes, il peut y avoir des abus, mais cela peut être le seul recours dans certains cas".
(Le Monde - 8 novembre 2017)