"Des médicaments, mais à quel prix ?"

Dans le sillage de la campagne de Médecins du monde (MDM), le JDD enquête sur le système français de fixation des prix des nouveaux médicaments. Deux organismes interviennent dans le système. La Haute Autorité de santé ( HAS) délivre une note à toute nouvelle molécule candidate au remboursement en fonction de son intérêt médical. Elle a aussi pour mission d'évaluer son impact sur l'Assurance-maladie. Mais c'est le Comité économique des produits de santé ( CEPS) qui concentre l'essentiel des critiques. Placé sous la tutelle de la Santé et de Bercy, il négocie avec l'industrie. "On ne sait pas ce qu'il s'y passe, les comptes rendus de ses auditions ne sont pas publics, le Parlement n'a aucun contrôle sur lui", accuse Olivier Maguet, de MDM. "Le procès en opacité fait au CEPS repose sur le caractère technique, administratif, de sa mission", répond Maurice-Pierre Planel, le président du Comité. Le dirigeant recevait la semaine dernière le représentant d'un laboratoire dont la molécule a été autorisée en Europe. "La première chose qu'on lui a dite, c'est: 'Il est bien, votre médicament, mais nous avons besoin d'être sécurisés sur son impact budgétaire'". Selon lui, la loi qui fixe le cadre de ces discussions parfois musclées prévoit que plus un traitement est innovant, plus il est acheté cher. D'où l'inflation des dépenses à l'heure où plusieurs innovations arrivent sur le marché. "Les pouvoirs publics ont décidé il y a trente-cinq ans de ne plus baser leur décision sur le coût de production du médicament", précise Maurice-Pierre Planel.