Cancer : les Français prêts aux tests génétiques
Une étude révélée hier par l'Observatoire cancer de l'Institut Curie montre que 81% des Français sont prêts à faire un test génétique pour évaluer leurs prédispositions héréditaires aux cancers. Ce sondage montre toutefois que le poids de ces cancers est largement surestimé. La moitié considère qu'ils représentent entre 26 et 50% de la globalité des cancers, alors qu'en réalité ce n'est le cas que pour 5% des cancers. "Ça n'est pas étonnant, les cancers sont si fréquents dans les familles que nous sommes tous concernés. Pour le cancer du sein, par exemple, le risque cumulé à 70 ans pour une femme est de 9%", explique au Figaro la Pr Dominique Stoppa-Lyonnet, chef du service de génétique de l'Institut Curie. "Or, statistiquement, le risque qu'un de ses apparentés au premier ou second degré (mère, grand-mère, soeur, etc.) ait un cancer fortuit est de 36%." Plus d'un Français sur deux craint cependant que les données soient utilisées à d'autres fins, par les assurances ou dans leur vie professionnelle notamment. "Ils ont peur de la discrimination, et ils ont raison", poursuit Dominique Stoppa-Lyonnet. "L'accès à ces informations est interdit, mais savoir qu'une personne de 30 ans fait une IRM tous les ans ou une coloscopie tous les deux ans, cela signe une prédisposition." Le Parisien s'interroge également sur le sens d'une telle information pour les patients. "Pour beaucoup, nous n'avons rien à offrir en termes d'action pour faire changer les choses. Penser 'tout-génétique' suscite de la parano et risque même de parasiter le système de soins qui ne peut être efficace que s'il est global", explique Ségolène Aymé, médecin généticienne. En 2016, 38.000 de ces tests ont été effectués en France, soit 55% de plus qu'en 2013.
(Le Figaro, Le Parisien - 14 septembre 2018; Le Généraliste - 13 septembre 2018)