Bruxelles tente de répondre aux pénuries de médicaments

Les pénuries de médicaments touchent l'ensemble des pays européens. En Espagne, 672 médicaments sont actuellement en rupture de stock dans les officines, 773 en Suisse, 375 en Estonie, plus de 3.000 en Italie, qui inclut les produits dont la commercialisation a été arrêtée durant la dernière décennie, détaille Le Monde. Si le phénomène n'est pas nouveau, il apparaît cette fois durable et touche des produits essentiels. "Nous faisons face à des ruptures qui sont exponentielles et qui concernent toutes les classes de médicaments. Anticancéreux, antidiabétiques, antiépileptiques, antalgiques, anti-hypertenseurs… Rien n’est épargné", détaille Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine. Alors que certains pays sont tentés par un retour du chacun pour soi, comme l'Allemagne, prête à payer plus cher certains médicaments, ou la Grèce, qui a gelé les exportations des remèdes manquants, l'Union européenne est sous pression pour trouver des solutions. "Nous déployons toutes les flexibilités réglementaires à notre disposition", assure la commissaire à la Santé, Stella Kyriakides. Ainsi, un État membre peut accepter que des notices d’utilisation ne soient pas traduites dans sa langue. L'Agence européenne des médicaments assure, par ailleurs, être prête à autoriser rapidement les sites en Europe à augmenter leur capacité de production. Tandis que l'agence Hera pourrait acheter des médicaments au nom des États membres. Surtout, la question sera abordée dans la nouvelle stratégie pharmaceutique de l'UE, attendue en mars. Elle vise à mieux appréhender les stocks, avec des obligations de déclaration, et anticiper les pénuries à venir. Les laboratoires devront également annoncer en amont le retrait d'un produit du marché. Enfin, l’eurodéputée (Renew Europe) Véronique Trillet-Lenoir plaide pour "une stratégie de relocalisation".

(Le Monde – 25 janvier 2023)