Bioproduction: "la priorité est donnée aux besoins américains"
Dans un entretien à L'Usine Nouvelle, Patrick Mahieux, directeur général d’ABL Europe, filiale de l’Institut Mérieux dédiée à la bioproduction, témoigne des tensions qui pèsent sur la chaîne d'approvisionnement des équipements du secteur. "Actuellement, 99% des thérapies cellulaires et géniques sont produites avec du matériel à usage unique", explique-t-il. "Et cette utilisation de l’usage unique impose une supply chain bien particulière, et ce, à différents niveaux, qui vont dépendre de tout un tas d’acteurs et de fabricants répartis au niveau mondial." La crise de la Covid a toutefois désorganisé autant la production que la logistique, avec des répercussions encore bien visibles aujourd'hui. "Par exemple, dans le cas d’un fabricant d’équipements à usage unique avec une exportation vers l’Europe, depuis deux ans, les valeurs de stock ont quasiment doublé, puisque les délais d’approvisionnement se sont fortement allongés." Les producteurs souffrent eux-mêmes d'autres pénuries, de matières plastiques notamment et de produits aseptiques. "Un autre problème pour nous est que la majorité des centres de bioproduction sont concentrés aux États-Unis. Et la législation américaine dispose d’un atout par rapport à la législation européenne. Quelle que soit la nationalité du fabricant, quand un produit est fabriqué sur le territoire américain et en cas de tension, la priorité est donnée aux besoins américains", déplore Patrick Mahieux, qui ne voit pas la situation s'améliorer à court terme. "Je pense que cette tension va perdurer pendant encore au moins deux ans."
(L'Usine Nouvelle – 25 octobre 2022)