Au Royaume-Uni, l'austérité réduit l'espérance de vie
Pour la première fois depuis un siècle, l'espérance de vie baisse dans certaines régions du Royaume-Uni. Le Monde cite l'exemple de Hartlepool, une ville pauvre du nord-est de l'Angleterre, où elle a chuté de plus d'un an, à 76 ans, de 2011-2013 à 2014-2016. "Les causes directes de la baisse de l'espérance de vie sont les cancers, les maladies cardio-vasculaires et respiratoires. Mais derrière cela se trouve le mode de vie: l'alcool, la cigarette, l'obésité...", explique Paul Edmondson-Jones, directeur de la santé publique à la mairie de la ville. Il insiste sur un point: l'espérance de vie saine (sans maladie chronique) n'est que de 55 ans pour les femmes, à peine plus chez les hommes. "Ensuite, la population porte le fardeau du handicap. Regardez au centre-ville, on voit partout des fauteuils roulants, des gens avec des béquilles, des handicaps mentaux..." Michael Marmot, professeur de santé publique à l'University College de Londres, a été l'un des premiers à tirer la sonnette d'alarme. "Jusqu'en 2010, l'espérance de vie au Royaume-Uni progressait à la même vitesse qu'ailleurs en Europe. Ensuite, on a décroché. Cette période semble correspondre aux conséquences non seulement de la crise financière, mais aussi de l'austérité". Le chercheur évoque la baisse de 6% de l'aide aux personnes âgées, et la hausse limitée du budget du système de santé, qui progresse désormais à un rythme quatre fois moins rapide qu'avant la crise. Ainsi, à Hartlepool, le service d'urgence de l'hôpital a fermé et la liste d'attente pour voir un médecin s'allonge, parfois à plusieurs semaines.
(Le Monde - 11 mars 2018)