"Agnès Buzyn, une technicienne à la santé"
Le Monde dresse le portrait de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui défend à l'Assemblée son premier projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Une fonction politique pourtant inattendue pour cette hématologue de renom, peu connue du grand public. C'est le patron de l'Assurance-maladie, Nicolas Revel, secrétaire général adjoint de l'Elysée sous François Hollande, qui a notamment glissé son nom au président Emmanuel Macron. "Quand on a passé toute sa vie à s'intéresser à la qualité des soins, c'est une chance", dit-elle. "Aux responsabilités que j'ai occupées, j'ai été bloquée par des choix très peu courageux. J'ai milité pour une hausse du prix du tabac, j'ai obtenu péniblement dix centimes..." Bannir la cigarette est, chez elle, une obsession. "Voir des jeunes fumeuses me rend malade physiquement". Dans sa vie d'avant, elle les abordait même dans la rue, sous le regard moqueur de ses fils. Le paquet à 10 € (d'ici à 2020) est l'une de ses premières victoires. Durant son exercice à l'hôpital Necker, elle a notamment participé au développement de nouveaux médicaments avec l'industrie. "C'était nécessaire", répond Agnès Buzyn. Sa vie organisée entre l'hôpital et la recherche lui convenait parfaitement, mais la succession de son chef de service tourne mal. "J'ai été victime de harcèlement moral. J'allais mourir, j'aurais pu me suicider", dit-elle. Sa nomination à la présidence du conseil d'administration de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), en 2008, prend alors des airs de porte de sortie. Nommée ministre de la Santé, elle s'est demandé si, comme à l'INCa et à la HAS, elle ne garderait pas une consultation. Mais elle y a renoncé par peur de manquer à la règle qu'elle s'est toujours fixée: les malades sont prioritaires. Par crainte, aussi, qu'une erreur médicale nuise au gouvernement.
(Le Monde - 25 octobre 2017)