Accès aux médicaments innovants: la France perd du terrain en Europe

Les entreprises du médicament (Leem) ont présenté mardi les résultats – plutôt alarmants, juge La Croix – de son premier Observatoire de l’accès aux médicaments et de l’attractivité en France. Réalisé par le cabinet Roland Berger, il montre qu'à la fin de 2022, 34% des médicaments ayant reçu une autorisation de mise sur le marché de Bruxelles, entre 2018 et 2021, n’étaient toujours pas disponibles pour les malades français. Si l’Espagne et l’Angleterre affichent des résultats comparables, cette proportion reste très éloignée des chiffres alignés par les bons élèves du classement, l’Allemagne (13%) et l’Italie (19%). "Les délais d’accès aux médicaments des patients dépassent les délais réglementaires européens", souligne le Leem, en pointant de longs délais d’évaluation, de négociations de prix et de parution au Journal officiel. En moyenne, les Français attendent 380 jours de plus que les Allemands, 179 jours de plus que les Anglais, mais 121 jours de moins que les Espagnols. Autre phénomène observé à la loupe par l’étude: les montants investis par l'industrie dans la R&D, qui sont stables en France, et tendent même à diminuer dans la recherche clinique, face à l'Espagne notamment, qui mène un "programme offensif". Parmi les 3.019 essais cliniques industriels sur les médicaments lancés en 2021, la France a participé à 13% d’entre eux, contre 16 % en Espagne. Même tendance du côté des capacités de production, où la France perd du terrain face à l'Allemagne et l'Irlande. En particulier, elle ne se classe qu'en 13e position en Europe pour la production de médicaments biologiques. L'étude se penche enfin sur les pénuries et révèle que 77% des laboratoires ayant répondu à l’enquête signalent ainsi avoir arrêté de commercialiser des produits au cours des dernières années. Dans près de 60% des cas, cette décision est due à une rentabilité insuffisante du produit sur le marché.

(La Croix, Le Monde, Les Échos – 28 juin 2023)