A l'hôpital, les internes ne veulent plus tout sacrifier à leur métier

Le Monde enquête sur la nouvelle génération d'internes, qui aspire à davantage d'équilibre entre leur travail et leur vie personnelle. Sur les réseaux sociaux, Aviscene (son pseudo) raconte son quotidien à l'hôpital. "Oui, les jeunes médecins veulent commencer à 8 heures et finir à 18 h 30: et alors ?", lance-t-il sans détour. L'interne de 25 ans, en quatrième semestre de médecine générale dans la région lilloise, avoue ne pas vouloir "faire partie de ces professionnels qui arrivent à l'hôpital à 7 heures, partent à 21 heures, et n'ont jamais le temps de voir leurs enfants". Il évoque régulièrement les dangers que font peser sur les internes leurs rythmes intenses. Malgré un temps de travail réglementaire fixé à 48 heures depuis 2015, ils travaillent en moyenne 60 heures par semaine à l'hôpital, selon une étude de l'InterSyndicale nationale des internes (ISNI). Dans certaines spécialités, il arrive même qu'ils dépassent les 90 heures hebdomadaires. "Quand le flux de patients est continu, comme en service pédiatrique, nous n'avons aucun moment pour nous reposer. On finit par divaguer et on n'est pas à l'abri d'accidents en sortie de garde", relate Aviscene. D'autant que les garde-fous légaux ne sont pas toujours respectés. Seuls 55% des internes disent disposer systématiquement de leurs repos d'après-garde, quand 20% affirment ne pas en bénéficier du tout, selon l'étude de 2016 de l'INSI.

(Le Monde - 8 mai 2019)