"Vacciner contre le papillomavirus, coup d’épée dans l’eau de la santé publique ?"
L’annonce présidentielle d’une généralisation de la vaccination contre les HPV soulève un certain scepticisme, constate Libération, qui déplore le manque d'analyse sur le retard français dans le domaine. Fin 2015, selon les chiffres de Santé publique France, moins de 20% des jeunes filles avaient reçu au moins une dose vaccinale à 15 ans (contre 86% au Royaume-Uni, 76% au Danemark, 71% en Italie, 73% en Espagne et 87% au Portugal). Surtout, après une timide augmentation en 2017, le taux est reparti à la baisse en 2018 et a rechuté à 19% en 2019 et 2020. Cet échec, comparable à celui de la vaccination contre l’hépatite B, peut s'expliquer par différentes raisons, dont une présentation un peu trop catastrophiste de ce virus, dont l'incidence baisse dans le monde. Le journal rappelle aussi le "grand n’importe quoi" de la politique passée, qui insistait à la vaccination contre les HPV, mais sans rembourser le vaccin, et qui n'a prêté aucune attention aux quelques cas supposés d’effets secondaires. Le maintien sur le marché de vaccins obsolètes moins protecteurs interroge aussi les experts. Le risque d'un échec est donc réel aujourd'hui, d'autant que l’état de la médecine scolaire ne prête pas à l’optimisme.
(Libération – 7 mars 2023)