Un nouvel antidouleur pour tourner la page des opioïdes ?
Le Figaro revient sur l'approbation aux États-Unis du Journavx® (suzetrigine), un nouvel antidouleur non opioïde, et qui n’entraîne, a priori, pas de risques d’addiction. C'est "une étape importante de santé publique", s’est réjouie Jacqueline Corrigan-Curay, directrice par intérim du Centre d’évaluation des médicaments et de recherche de la FDA. "C’est une vraie nouveauté, non seulement dans le domaine de la douleur, mais aussi de façon plus générale en pharmacologie pour sa spécificité", abonde Massimo Mantegazza, directeur de recherche à l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire (IPMC, Inserm/Université Côte d’Azur/CNRS). La molécule développée par Vertex Pharmaceuticals a une cible très différente des autres antidouleurs. Il s'agit en effet d'un "bloqueur sélectif des canaux sodiques". En clair, il empêche un mécanisme essentiel à la transmission du signal douloureux, sans perturber d’autres processus essentiels au fonctionnement de l’organisme. Certaines zones d'ombre persistent cependant, notamment sur la durée de prescription du traitement et sur ses potentiels effets à long terme. L’absence de risque addictif n'est d'ailleurs pas totalement écartée. "Pour le moment, le laboratoire n’a d’expérience clinique que pour des traitements qui ont duré jusqu’à 14 jours, or des médecins pourraient être tentés de prescrire ce médicament pour une période plus longue", juge François Maignen, docteur en pharmacie et expert en sécurité du médicament.
(Le Figaro – 10 février 2025)