Traitements du cancer : "Nous sommes entrés dans un taux d'augmentation devenu intenable"
Le Pr Thierry Philip, président de l'Institut Curie, met en garde dans Libération contre la hausse des prix des nouveaux médicaments contre le cancer. Une situation qui est pourtant sous contrôle en France: "On arrive à faire face et à prendre en charge le remboursement. Soit parce que ces nouveaux médicaments sont dans la 'liste en sus' et l'on est remboursé à l'euro près. Soit ces médicaments nouveaux rentrent dans le cadre de ce que l'on appelle les ATU (autorisation temporaire d'utilisation), ce qui permet de les prescrire aux patients sans restriction, et ils nous sont remboursés pleinement". Mais la croissance des dépenses inquiète. "Nous sommes sur une pente d'un milliard par an d'augmentation, et si on se projette en 2025, on se retrouve avec près de 10 milliards pour les médicaments du cancer. Nous sommes entrés dans un taux d'augmentation annuelle qui est devenu intenable. Et si on laisse faire, cela va mal finir". En reconnaissant les progrès massifs apportés par les nouveaux médicaments, comme le Keytruda® (pembrolizumab), Thierry Philip estime qu'il faut continuer à "payer ce qu'il faut, peu importe le coût". Mais il met en garde contre "des situations où des médecins qui sont dans la fuite en avant prescrivent sans fin des médicaments, souvent onéreux, sans intérêt thérapeutique réel". "Je pense que l'on devrait imposer aux médecins pour des traitements de seconde, de troisième ou quatrième ligne, qu'ils remplissent un formulaire simple, avec des questions simples", explique le spécialiste. "L'assurance maladie a le droit de savoir, pour éviter des dépenses inutiles".
(Libération - 25 octobre 2017)