Sous pression, la FDA autorise le traitement au plasma contre la Covid-19

La Food and Drug Administration a accordé hier une autorisation d'utilisation d'urgence à l'utilisation du plasma sanguin de patients qui se sont rétablis de Covid-19 comme traitement de la maladie. Cette transfusion de ce plasma qui contient des anticorps vise à permettre aux malades d'éliminer plus vite le virus et de limiter les dégâts sur l'organisme. Si le traitement a déjà produit des résultats, son efficacité exacte fait encore débat et il présente un risque d'effets secondaires et de transmission d'agents infectieux. Dans une conférence donnée quelques minutes seulement après l'annonce de la FDA, le président Donald Trump s'est félicité d'une "avancée thérapeutique majeure". "L'autorisation élargira considérablement l'accès à ce traitement", a-t-il déclaré, en ajoutant que le traitement avait prouvé qu'il réduisait la mortalité de 35%. Un "chiffre énorme" selon le président américain, mais qui n'est pas cité dans le document de la FDA. Selon le journal Stat, il pourrait venir d'une étude menée par la Mayo Clinic et le NIH, qui n'a pas encore été publiée. Ce feu vert précipité de la FDA interroge toutefois certains experts. "Il y a 2 jours, le site web de la FDA indiquait qu'il n'y avait aucune preuve en faveur d'une autorisation d'utilisation d'urgence", déplore Eric Topol, directeur du Scripps Research Translational Institute. Selon Rachel Sachs, professeure à l'Université de Washington, la publication de cette autorisation sans publier les preuves et sans essai randomisé à l'appui "risque de nuire davantage à la confiance du public dans l'agence".

(Le Figaro – 24 août 2020; Stat – 23 août 2023)