Soins dentaires: un virage préventif brouillé par le transfert des dépenses

La Sécurité sociale a confirmé son objectif de baisser de 500 millions d'€ ses remboursements de soins dentaires à partir d’octobre, en réduisant leur prise en charge de 70% à 60%, et augmentant ainsi la part payée par les complémentaires. Une décision qui ne leur convient ni sur le fond ni sur la forme. "Ce n’est pas à la hauteur des enjeux", déclare le président de la Mutualité française, Eric Chenut, critiquant une mesure "unilatérale" et "technocratique", qui "ne va pas permettre d’accompagner la transformation du système de santé ni de répondre au virage préventif". Ce choix est d’autant plus "incompréhensible" que le gouvernement a instauré en début d’année un "comité de dialogue" pour préparer un transfert initialement chiffré à 300 millions, rappelle-t-il. "L'objectif, est de réinvestir massivement les économies dégagées grâce à cette mesure dans la prévention", assure de son côté le ministère de la Santé, qui veut en même temps inciter les chirurgiens-dentistes à faire davantage de prévention en les rémunérant mieux pour réaliser des soins censés éviter la pose d'implants et de prothèses.Son projet consiste à assurer chaque année la prise en charge d'une consultation de suivi et des soins associés pour les jeunes entre 3 et 24 ans. Mais l'annonce du transfert est peu appréciée dans le camp des syndicats de dentistes. Ils craignent que les complémentaires se montrent désormais plus frileuses vis-à-vis de leur activité, alors que la négociation sur la convention dentaire n'est pas terminée. "On a un signal de désengagement de l'État", déplore Pierre-Olivier Donnat du syndicat des chirurgiens-dentistes de France, expliquant redouter que les soins dentaires soient in fine plus coûteux pour les Français.

(Les Échos – 19 juin 2023; Libération – 17 juin 2023; Le Quotidien du Médecin – 16 juin 2023)