Pharmacies et laboratoires s'inquiètent des risques de coupures d'électricité
L'annonce par le gouvernement de potentiels délestages en cas de tensions sur le réseau électrique cet hiver inquiète le monde de la santé. Selon le plan présenté par le gouvernement, les hôpitaux, cliniques ou laboratoires ne seront pas concernés en tant qu'établissements dits "prioritaires". Un statut qui échappe toutefois à ce jour aux pharmacies. "Les pouvoirs publics nous ont indiqué que nous serions potentiellement prioritaires, mais attendent de savoir d'EDF s'il est techniquement possiblement d'individualiser l'alimentation électrique pour fournir la pharmacie dans un quartier qui serait délesté", explique aux Echos Philippe Besset, président de la FSPF. Une coupure de deux heures pourrait avoir de graves conséquences sur les officines qui stockent des médicaments au froid. "C'est tout le contenu du frigo de médicaments d'une pharmacie qu'il risque de falloir jeter", soit de 10.000 à 20.000 € et "les assureurs nous ont déjà prévenus qu'ils ne rembourseraient pas parce que leurs polices d'assurance ne couvrent pas les délestages prévus". Une question qui se pose avec plus d'acuité pour les grossistes-répartiteurs, également dans l'attente des instructions de la direction générale de la Santé en cas de délestage. Côté entreprises, la situation est tout aussi confuse. Une étude menée par le syndicat des entreprises du médicament (Leem) révèle que seuls les très gros sites pharmaceutiques sont autonomes en énergie grâce à des groupes électrogènes, ainsi que certains sites stériles ou faisant de la bioproduction, c'est-à-dire des vaccins ou des médicaments issus du vivant. La direction générale des Entreprises mène ainsi une étude de criticité pour tenter de prioriser les sites pharmaceutiques devant l'être. "Nous attendons de voir la liste des sites prioritaires qui en ressortira pour identifier d'éventuels trous dans la raquette", indique le Leem.
(Les Échos, Libération – 5 décembre 2022)