Mediator: Servier condamné pour "tromperie aggravée" et "homicides involontaires"

Le Tribunal correctionnel de Paris a rendu hier son délibéré dans l’affaire du Mediator. Les laboratoires Servier ont été condamnés pour "tromperie aggravée" et "homicides et blessures involontaires", mais relaxés sur le fait d’escroquerie. Ils écopent de 2,7 millions d'€ d'amende et de plus de 200 millions de dommages et intérêts à verser immédiatement aux 6.500 parties civiles, qui réclamaient un milliard d'€. Jean-Philippe Seta, l'ex-numéro 2 des laboratoires et ancien bras droit de Jacques Servier, "qui a participé au processus décisionnel", relève le tribunal, a lui été condamné à quatre ans d'emprisonnement avec sursis et 90.600 € d'amende. L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM, ex-Afssaps), jugée pour avoir tardé à suspendre la commercialisation du Mediator, écope, pour sa part, de 303.000 € d'amende pour avoir "gravement failli dans sa mission de police sanitaire". Quatre anciens cadres et experts des autorités de santé accusés de "conflits d'intérêts" avec Servier ont par ailleurs été condamnés à de la prison avec sursis et des amendes. Les laboratoires Servier n'ont pas encore indiqué s'ils allaient faire appel de cette décision. "La certitude, c'est que pour eux, le premier objectif est que l'affaire soit derrière eux", précise toutefois l'avocat du groupe, François de Castro, interrogé par L'Usine Nouvelle. Les Échos témoignent aussi de cette volonté de tourner la page pour le laboratoire, qui a déjà transformé en profondeur son activité depuis l'interdiction du Mediator en 2009. Il s'est notamment réorienté vers un nombre de domaines thérapeutiques plus réduit, mais porteurs (oncologie, immuno-inflammation, système nerveux central), et s'est véritablement internationalisé (80 % de ses ventes à l'étranger).

(Le Monde, Le Parisien, Les Échos, Libération, L'Usine Nouvelle – 30 mars 2021)